Il existe en France une ligne de chemin de fer qui accumule les records . Non, ce n'est pas une ligne touristique à voie étroite comme celle du Lac d'Artouste à 2000 m d'altitude, ni celle du train à crémaillère du "Tramway du Mont Blanc"  qui grimpe à 2 372 m au Nid d'Aigle. Je parle d'une ligne à voie normale (écartement international 1m 435) , parcourue tous les jours de l'année par des trains de voyageurs normaux et même un train de nuit avec couchettes direct depuis Paris, accessible avec des billets SNCF normaux, mais qui monte à 1500 m d'altitude, ce qui en fait la ligna à voie normale la plus haute d'Europe. C'est la ligne Toulouse-Foix- Latour de Carol-Enveigt .

Cette ligne est une des plus anciennes de France . Elle a été créée en 1865 par Napoléon III pour une liaison France-Espagne, comme Paris-Hendaye, en raison d'une autre liaison, celle de l'empereur Napoléon III avec l'Espagnole Eugénie de Montijo; ses bijoux ont attiré l'attention des joaillers et des cambrioleurs du Louvre, mais c'est une autre histoire.  Il reste cette ligne, qui est un vrai bijou que chacun peut emprunter pour beaucoup moins cher, quelques euros. 

Rien n'est tout à fait normal sur cette ligne . D'abord, son trajet qui relie les 2 capitales des langues occitanes, la française Toulouse à la catalane Barcelone, en franchissant la barrière pyrénéenne par le tunnel du Col de Puymorens à 1500 m d'altitude, alors qu'elle part de Toulouse à 143 m et rejoint Barcelone, port de mer. Certes à la frontière Latour de Carol ( devenue symbolique depuis les accords de Schengen), il faut changer de train car l'écartement espagnol est plus grand   (1m 668), et passer du quai 1 au quai 2 , parfois même sans changer de quai, un côté étant espagnol l'autre français.  Connaissez-vous un franchissement de frontières nationales avec changement de train pour raisons techniques plus facile ?

Ensuite, comment arriver à une telle grimpette sur une voie normale , les trains n'aimant pas les rampes fortes, sans crémaillère ni même de troisième rail pour le freinage ? Il faut des motrices puissantes équipant des trains légers (automotrices ALSTHOM modernes pouvant rouler à 160 km/h, ou, pour le train de nuit, une motrice de grande puissance destinée aux trains lourds mais ne tirant que 3 ou 4 voitures) . Ce qui lui permet d'escalader des pentes jusqu'à 4 % , déjà une forte pente pour les voitures.  Il faut aussi allonger le trajet en accumulant les techniques classiques du lacet , comme pour les routes. Hélas, un train normal ne peut pas prendre des virages en épingle en cheveux comme les voitures, il lui faut des rayons de courbure beaucoup plus grands. Alors les lacets se font dans la montagne :   un tunnel hélicoïdal tracé dans la montagne permet de faire une boucle complète et se retrouver 60 m plus faut, sans changer le sens de la marche . C'est le tunnel hélicoïdal de Saillens qui fait une boucle presque complète permettant à la voie de prendre 60 m d’altitude, permettant un superbe point de vue depuis la partie supérieure sur la partie inférieure au fond de la vallée de l'Ariège. 

Cette ligne a nécessité l'électrification depuis le début , en 1500 volts comme pour les grandes lignes Paris-Lyon- Marseille ou Paris- Limoges -Toulouse ou Paris- Bordeaux-Hendaye . 

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Arrivés à Latour de Carol, que faire ? 

Jadis (j'étais jeune, c'est pour dire ...) on pouvait passer la nuit DANS la gare , qui comportait un buffet-hôtel. Depuis, disparus  comme beaucoup d'autres en France alors qu'il en reste de multiples en Europe, bien pratiques pour les voyageurs ferroviaires avec bagages.

Il faut donc continuer son voyage . Soit vers Barcelone ( voir plus haut), soit vers Perpignan par " le Petit train jaune de Cerdagne" " le plus beau train du monde !" m'avait dit un cheminot, certes ancien chef de gare de Perpignan et Catalan bon teint .. D'ailleurs, pourquoi se limiter à 1500 m ?  

La ligne, à voie étroite de 1 m et une alimentation par 3° rail à 850 volts, grimpe jusqu'à la gare de Bolquère – Eyne, située à l'altitude de 1 592 m, qui est la plus haute gare de la SNCF. Et sans crémaillère ni 3° rail pour le freinage !

Deux exploits techniques remarquables : le pont  Séjourné et le pont Gisclard..

Au point kilométrique 18,002 se dresse le Pont Séjourné, sur la commune de Fontpédrouse, viaduc en maçonnerie d'une longueur de 236,70 mètres^].

Environ 7 km plus loin, le Pont Cassagne (dit aussi Pont Gisclard), au point kilométrique 24,422, est le dernier pont suspendu ferroviaire de France situé sur une ligne exploitée. Ce pont est long de 253 mètres. Sujets au vertige s'abstenir. 

En été, par beau temps ( mais il fait toujours beau en Cerdagne, m'a dit l'ex-chef de gare de Perpignan, voir plus haut) emprunter les "voitures panoramiques " . Rien ne gêne la vue sur les magnifique paysages, puisque ces voitures n'ont ni toit ni murs et seulement des bancs et des ridelles basses (cloisons au niveau des sièges). 

CONCLUSION : cette liaison ferroviaire Toulouse-Barcelone n'est pas la plus rapide mais la plus belle , et la moins chère . Qui plus est, le 1°week-end de chaque mois, la SNCF met en vente des billets à 1 € valables sur chaque tronçon , Toulouse-Latour de Carol  et Latour de Carol Villefranche-Vernet + un troisième Villefranche-Vernet Perpignan . Une journée d'excursion en haute montagne, sous la neige en hiver et sous le soleil d'été (toujours brûlant d'après l'ex-chef de gare de Perpignan), pour 3 €, qui dit mieux ? 

Pour d'autres itinéraires à des tarifs accessibles à tous aussi intéressants que peu connus, me consulter .  

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